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Hélèna, 16 ans

Hélèna, 16 ans 2015
Diagnostic de SAF obtenu à l’adolescence

« La situation ne s’arrange pas pour Hélèna.
(…) C’est plusieurs fois par semaine qu’elle dérape avec tout le temps des promesses qui ne tiennent que 24h au mieux. (…) Elle fait du trafic de tabac, de cigarettes électroniques, de drogues, de téléphones portables malgré toute notre surveillance et nous n’arrivons plus à savoir si elle nous vole toujours. Ce n’est pas dans notre manière de vivre de mettre tout sous clef le soir venu, de couper le wifi pour la nuit et de mettre l’alarme extérieure pour éviter qu’elle ne sorte la nuit !

Mercredi dernier alors qu’elle devait rester à la maison l’après-midi, elle me dit vouloir m’acheter un cadeau pour mon anniversaire et qu’elle sera avec sa meilleure copine. Je me dis que cette bonne intention prouve qu’elle est sur la bonne voie. Je lui donne de l’argent et un peu plus pour que toutes les deux aillent au cinéma et passent un bon après-midi.

Elle a dépensé une bonne partie de l’argent sans acheter de cadeau et s’est fait prendre en train de voler pour 140 euros de portable et autres objets électroniques. Elle a été auditionnée par la gendarmerie qui va faire un signalement au Procureur de la République avec relevé d’ADN, photos de face et de profil, …. Bien entendu les parents sont tout de suite soupçonnés et en l’occurrence soupçonnés de ne pas lui donner suffisamment pour vivre sa vie d’ado.

Gentiment je leur ai expliqué que ce sujet éducatif ne regardait que les parents mais, pour tout de même répondre à leur question, je leur ai dit que sur les 2 semaines de vacances d’hiver, elle est allée une semaine à la neige en famille et une semaine à la neige en camp d’ados. Du coup ça a calmé le débat ! (…)

MAI 2021, Hélèna a 22 ans

Depuis qu’Hélèna est confrontée à la vraie vie sociale, elle rencontre encore plus de situations à risques qu’elle appréhende avec trop peu d’analyse (par défaut cognitif donc de mémorisation de situations passées) et donc trop peu de réactions adaptées. Les signaux d’interactions sociales fins ne lui sont pas encore accessibles.

Elle voudrait tellement y arriver et vivre comme ses amis qu’elle tente sa chance et retente sa chance avec toujours la même énergie. Je crois qu’elle a définitivement abandonné l’écoute de son entourage et fait à son idée avec sa méthode. Il faut dire que nos enfants ou adultes SAF vivent dans un autre paradigme que le nôtre.

Je peux vous relater ce soir une expérience récente de 2020. Hélèna, acceptant tous les petits boulots non déclarés sans en parler pour nous prouver peut-être qu’elle pouvait gagner sa vie sans nous, a été confrontée à un papy pervers sexuel. Vivant seul, elle l’aidait pour faire ses courses, son ménage et lui tenir compagnie pour regarder la télé ou l’accompagner à l’hôpital, moyennant rémunération. Jusqu’au jour où il l’a accusée de vol de carte CB et d’argent.

Quand son fils, premier-adjoint de la commune a porté plainte j’ai été obligé de m’en mêler et de découvrir que dès le premier jour le papy s’était présenté tout nu. Ma fille lui a demandé de se rhabiller mais n’a pas pris conscience de la situation à risques et n’a pas mis fin à l’aide à domicile. Devant ses nouvelles sollicitations malsaines, il a voulu se venger des refus répétés de ma fille en l’accusant. Ayant pris connaissance de la situation de son père déjà connue de la police pour ces mêmes faits et devant un travail non déclaré, le fils a décidé de se désister de sa plainte.

L’enquête policière a démontré par les vidéos de banque que la carte CB du papy avait été volée par une autre personne du service social officiel venant l’aider d’autres jours de la semaine. Heureusement car les réponses données par ma fille à sa première audition n’allaient pas dans le bon sens et pourtant elle avait dit la vérité mais dans des propos assez naïfs en réponse à des questions policières qui ne l’étaient pas.

C’est un exemple de plus qui démontre qu’un évènement grave inhabituel ne la fait pas réagir car elle ne perçoit pas les conséquences d’une telle situation, ne pouvant faire référence à aucune autre expérience antérieure, même similaire. Pour moi c’est un exemple typique du défaut de cognition qui est la source de son comportement dysexécutif. »

 Propos recueillis par l’association « Vivre avec le SAF »