En savoir +
sur l’historique des TSAF

Les conséquences de l’alcoolisme des parents sur leur descendance étaient connues depuis l’antiquité (Aristote, Plutarque, Diogène en parlent), et jusqu’au 19e siècle les médecins continuaient à l’affirmer. Mais ils accusaient plutôt l’alcoolisme paternel, car le fait que des femmes alcooliques puissent mettre au monde des enfants apparemment normaux brouillait la compréhension des causes et des conséquences.

1725


En 1725 en Angleterre, suite à « l’Epidémie de Gin de Londres », on trouve une mise en garde écrite sur les conséquences sur les enfants, « qui deviennent une charge pour leur pays, au lieu d’une force ». Trois lois successives essaient de limiter la consommation, pour éviter la perte d’espérance de vie et de forces militaires, sans succès. A l’époque, on accuse les alcools distillés (gin), et on leur oppose la bière censée apporter la santé. Il faut attendre 1836 pour voir la bière également accusée dans un roman de Charles Dickens. Beaucoup d’écrits restent imprécis au 19e siècle sur les effets exacts : effets pendant ou après la grossesse, caractère héréditaire supposé…

1904


En 1904, une première étude épidémiologique est conduite dans la prison de Liverpool sur 120 femmes alcooliques et 600 enfants. J.W. Ballantyne fait une description assez précise des effets de l’alcool dans les trois phases de la grossesse.

1906


En 1906, une campagne de prévention en Grande Bretagne met en garde : « Les femmes alcooliques perdent un enfant sur 2, les autres, un sur 4 »

1920


En France, dans les années 20 (les années folles), avec la représentation de la femme moderne, la Garçonne, apparaissent les publicités pour l’alcool (et la cigarette) mettant en scène les femmes, mouvement qui se renforcera après la seconde guerre mondiale.

1960


Les années 1960 voient l’arrivée de la pilule, et des mouvements féministes. Les publicités pour l’alcool surfent sur ce mouvement de libération : la bière est montrée comme une boisson pour les femmes sportives et libérées, la vodka devient une boisson chic. On jette son soutien-gorge aux orties, on n’accepte aucune entrave à la liberté… De nombreux avis autorisés ont écrit à l’époque que « les idées de dommages de l’alcool au fœtus » pouvaient être mises de côté. Certains traitements recommandaient même une alcoolisation des femmes pour éviter les naissances prématurées !

1957


Pourtant, en 1957, la thèse de doctorat de Jacqueline Rouquette « Influence de l’intoxication alcoolique parentale sur le développement physique et psychique des jeunes enfants », (étude sur 100 enfants dont l’alcoolisme des parents était connu), constate un retentissement sur l’enfant, surtout lorsqu’il s’agit d’alcoolisme maternel. Le Dr Rouquette donne déjà une description nette des fœtopathies alcooliques bien connues aujourd’hui. Cette thèse est passée complètement inaperçue.

1968


En 1968, paraît dans la revue l’Ouest Médical, l’étude de Paul Lemoine sur 127 enfants de l’Assistance Publique à Nantes. Mais le Dr Lemoine n’est pas pris au sérieux par ses collègues pédiatres ! Il explique que lors de ses études de médecine commencée en 1935 : « (…) on nous apprenait sans hésitation qu’il (ndlr : l’alcoolisme des parents) n’avait aucun retentissement sur leurs enfants (avec parfois une légère réserve sur la conception en état d’ivresse) ».

1973


C’est en 1973 que paraît l’étude de Smith and Jones à Seattle : ce sera l’article fondateur, basé sur 8 enfants, dont 4 SAF. Dans leurs recherches d’antériorité, ils retrouvent l’étude du Dr Lemoine. Un peu amer, ce dernier note que : « les 127 cas d’un petit pédiatre breton n’avaient pas eu d’intérêt, mais 8 cas américains furent immédiatement convaincants et le syndrome fut rapidement connu en France et dans le monde entier ».

1977


La première conférence sur le SAF a lieu en 1977 aux USA : à cette époque 60 % des femmes enceintes américaines consommaient de l’alcool.

1984


En France, il faut attendre 1984 (Congrès de pédiatrie de langue française à Paris).

1989


La prévention commence à se mettre en place : 1989 : la loi américaine impose une mise en garde écrite sur toutes les bouteilles de vin.

1991


La prévention commence à se mettre en place : 1991 : en France, la loi Evin encadre la publicité pour les boissons alcoolisées.

2007


La prévention commence à se mettre en place : 2007 : le pictogramme de prévention s’impose en France sur toutes les bouteilles de boissons alcoolisées, grâce à la ténacité de la sénatrice Payet de La Réunion, île dont la population est extrêmement concernée par les TSAF.

2005


Nomenclature et diagnostics se structurent : 2005 : sortie des directives canadiennes pour le diagnostic, mises à jour en 2016. Ces directives sont suivies par la France pour l’établissement d’un diagnostic pluridisciplinaire.

2018


Nomenclature et diagnostics se structurent : 2018 : les TSAF intègrent la Stratégie Nationale « Autisme au sein des Troubles du Neuro-développement ».

1725